Gageons que le mot "premium" sera bientôt le plus galvaudé du
sabir économique et du langage des entreprises. Le gouvernement de JM Ayrault y
voit la panacée pour échapper à la baisse des prélèvements sociaux que lui
réclament les entreprises. Le coût horaire du travail est de 34 € en France, alors
qu’il n’est que de 30 € en Allemagne et de 20 € en Espagne ou en
Angleterre ? Qu’à cela ne tienne !
Les entreprises françaises non compétitives ? Allons
donc. A elles de mettre en œuvre les gisements inexploités (elles n’y ont pas
pensé bien sûr…) de la compétitivité immatérielle.
La boucle est bouclée. Monsieur Sapin, qui par sa loi éponyme a consciencieusement détruit le tissu des agences de publicité de taille intermédiaires dans les années 90, participe actuellement au gouvernement qui va idolâtrer le premium, la valeur immatérielle, ce curieux mélange vertueux de qualité croissante et évolutive, d’innovation, d’unicité qui fait… les marques.
On n’en est plus à une contradiction près chez les appareils élus par les phobiques de la pub et des « besoins » qu’elle est supposée « créer ». En faisant de la compétitivité hors coût, de l’immatériel, du « premium » et des marques, la panacée du sauvetage de notre économie et de nos chers avantages sociaux, on pense pouvoir oublier le caractère « hors de prix » et non « hors coûts » de nos avantages sociaux. On trouvera bien des experts pour bénir cette pieuse omission.
Grâce à la filière du « Luxe » qui pousse l’immatériel à son paroxysme, la France a déjà fait avec bonheur la retape de tous les friqués de la planète, lesquels lui achètent des babioles sacrées pour colmater très insuffisamment les fissures de ses comptes nationaux et sociaux. On incite bien le capitaine de cette filière à partir : « casse-toi riche con », est-ce pour autant qu’on va réussir à « pigeonner » tous les laborieux industrieux, toutes les ETI du « premium » précarisé ?
Quand une ETI fournisseuse d’un Grand Groupe lui propose d’augmenter ses prix en vertu de l’innovation, de la qualité, du premium, que lui répondent les achats ?
Gay gay, marions-nous ! Tout va bien, dans le premium des mondes possibles. Je propose aux petites marques en mal de premium, aux ETI fournisseuses des grands groupes, de comprendre que les nouveaux lieux communs du langage d’entreprise ne s’appellent plus « durable », « naturel », « responsable ». Le greenwashing n’a plus cours. Oubliez ce ton triste !
Comprenez que vous devrez tous rester en France, donner tout ce que vous avez indûment accumulé. Répétez en chœur désormais : IN-NO-VA-TION, désir, attractivité, liberté. C’est tout à fait exaltant.
A moins que vous ne vouliez faire preuve d’une INNOVATION DE LANGAGE : LA SINCERITE. Je sais, c’est un gros mot. Pardonnez-moi.
Oh la la,J.F! La tu es fâche!
Tu sais,Sapin et les autres agissent en continuité avec tant d'autres qui ont chanté les louanges de l'Etat tout puissant et de ces fonctionnaires que le monde nous envie.
Toi qui était un Fidel admirateur du centrisme version Mehaignerie,rejoindrais tu le club tres ferme des liberaux qui croient que l'Etat,c'est notre mal commun?
Rédigé par : Michel Neiman | 01/11/2012 à 19:25